Depuis quelques semaines, les médias nationaux n’ont eu de cesse d’alerter sur les ruptures de la chaine d’approvisionnement qui a touché et qui touche toujours le secteur du médicament dans notre pays. A ce jour, l’information qui remonte du terrain nous apprend que ce ne sont pas moins de deux-cent-dix (210) DCI (Dénomination commune internationale) qui font défaut sur le marché et que les professionnels du secteur – médecins et pharmaciens – n’arrivent plus à trouver pour répondre aux besoins de leurs patients.
L’importance de ces ruptures est telle qu’elle fait courir des risques considérables à un nombre croissant de citoyens qui, à travers l’ensemble du territoire national, n’arrivent plus à se procurer les médicaments qui leur sont prescrits ou qu’ils ont l’habitude de prendre pour poursuivre leur traitement et qui sont d’une importance vitale pour leur santé.
Il s’agit là d’une situation particulièrement sérieuse sur laquelle notre Fédération Algérienne du Médicament (FAM : ADPHA, SNAPO, UNOP) ne saurait rester indifférente, dans la mesure où c’est l’accès aux soins de base pour le citoyen qui est aujourd’hui en cause et qui est, à notre sens, de plus en plus menacé. Jusque-là, nous avons tenté de sensibiliser les autorités compétentes sur la nécessité de mesures rapides à prendre pour mettre fin à des perturbations de plus en plus intolérables pour un marché aussi sensible que celui du médicament mais, face aux atermoiements et aux malentendus, nous avons pris la décision d’intervenir publiquement pour alerter les pouvoirs publics au plus haut niveau sur un état des lieux dont nous mesurons, en tant que professionnels, la gravité.
Nous tenons ainsi à rappeler qu’à la base, toutes ces perturbations ont pour origine des restrictions inédites qui, depuis plusieurs mois, affectent la délivrance des autorisations d’importations aussi bien pour les produits finis que pour les intrants et matières indispensables destinés à la fabrication locale. Ces restrictions prennent la forme de décisions administratives unilatérales portant aussi bien sur des baisses incompréhensibles des quantités à importer ou d’affectations arbitraires de quotas de produits à tel ou tel opérateur. Conjuguées avec les retards pris pour la délivrance d’autorisations de programmes d’importation pour lesquelles les demandes avaient été déposées au cours du second semestre de l’année 2016, on comprend aisément qu’elles aboutissent aux désordres que nous constatons aujourd’hui sur notre marché.
Notre point de vue, à la FAM, est que ces désordres persisteront tant que l’administration en charge de réguler le marché continuera à triturer en permanence des règles et des procédures qu’elle a elle-même édictées et à les changer à chaque fois au pied levé pour des motifs obscurs et sous couvert de réaliser des économies de devises.
Nous tenons surtout à informer publiquement toutes les instances concernées sur les menaces sérieuses que la désorganisation des circuits commerciaux fait peser sur l’approvisionnement régulier de notre marché.
La population algérienne connait un croît démographique estimé à près d’un (1) million d’habitants par an, ce qui, sans compter sur l’aspiration légitime des citoyens à une meilleure qualité de soins, n’est pas sans effet en termes de croissance de la demande. Dans ces conditions, censurer les quantités de produits à mettre sur le marché ne parait pas être une solution appropriée.
S‘agissant de la recherche d’économies de devises, notre association qui s’y est investie depuis de longues années, est particulièrement bien placée pour savoir que c’est un enjeu extrêmement sérieux qui se décline dans des politiques intelligentes et résolues impliquant aussi bien l’Etat que les entreprises, des politiques à déployer sur le moyen et long terme pour faire face à des acteurs puissants sur le marché pharmaceutique mondial. Elle ne peut pas se confondre avec quelques mesures de rationnement.
Ce mode de gestion, s’il devait perdurer, signifie clairement que les ruptures actuelles sont appelées à s’aggraver et que notre marché est appelé à revivre le cycle des pénuries chroniques que chacun de nous avait cru définitivement révolu.
Tout en alertant sur ces dangers, la FAM en appelle à l’ouverture d’un dialogue sérieux sur ce sujet et tient, en tout état de cause, à dégager la responsabilité de ses entreprises – membres quant à la dégradation prévisible de la disponibilité et aux risques encourus par le patient algérien.