En raison de son caractère hautement sensible, le secteur du médicament a toujours fait l’objet d’une attention particulière des plus hautes autorités politiques et économiques du pays. Pendant longtemps, la préoccupation majeure était celle liée à la disponibilité régulière des produits au niveau des officines et hôpitaux et, de manière plus générale, à l’accès des citoyens à des soins de qualité.
L’émergence d’un outil industriel aligné sur les normes internationales les plus exigeantes, résultat d’investissements privés et publics conséquents au cours des vingt dernières années ainsi que des encouragements des pouvoirs publics, permet, aujourd’hui, à notre pays de se doter des moyens d’une ambition nouvelle : celle de pouvoir répondre de mieux en mieux aux objectifs de sa politique sanitaire tout en participant à un meilleur partage de la valeur ajoutée dans un secteur d’activité qui fait partout l’objet d’enjeux économiques et sociaux très importants.
Il faut, à cet égard, souligner particulièrement l’importance des décisions courageuses prises en 2008 par le gouvernement, qui a opté pour une restriction progressive des importations de produits fabriqués par les entreprises locales. Cette mesure a permis, en pratique, de faire passer de 18% en 2007 à près de 40% en 2012, le taux de satisfaction des besoins nationaux par la production nationale. Mieux, les prévisions établies par l’UNOP en 2012 font état de la capacité de l’outil de production national à garantir la couverture de la majorité de nos besoins en produits pharmaceutiques usuels.
L’industrie pharmaceutique reste également un des débouchés prometteurs pour des milliers de jeunes diplômés de nos universités auxquels nos entreprises dispensent le complément de formation qui les rend rapidement opérationnels et compétitifs dans nos ateliers de production comme dans nos laboratoires de contrôle ou de recherche – développement.
Cela étant, si notre jeune industrie s’est hissée rapidement à un niveau qualitatif appréciable, les défis qui sont devant elle restent encore immenses. Un des tous premiers enjeux est technologique. Si le premier cercle de produits pharmaceutiques qui a été ciblé par les producteurs nationaux a concerné des médicaments génériques, le second cercle concerne, quant à lui, des produits de technologie plus pointue et des segments de produits jusque-là réservés aux pays développés ou à certains pays émergents. Si notre pays dispose donc, en théorie de la capacité de s’attaquer à ce marché porteur mais fortement disputé, il ne pourra en saisir réellement les opportunités qu’au prix d’une démarche stratégique mûrement réfléchie et qui décline des actions concertées entre pouvoirs publics et producteurs sur tous les fronts : appuis à la compétitivité des entreprises, politique de marges et de prix encourageant la qualité et l’innovation, organisation transparente du marché interne, politique de formation mieux ciblée, politique de remboursement du médicament clairement affichée et prévisible, soutien à l’innovation et à la recherche – développement.
Le second défi est celui de la mise à niveau du cadre réglementaire et la dotation de notre pays d’une puissante agence du médicament, déjà prévue par la loi. Si l’administration sanitaire a pu jusque-là faire face, avec beaucoup de difficultés, aux charges qui lui incombent et ce, grâce au volontarisme de ses cadres, elle pourra de moins en moins répondre aux demandes croissantes et pressantes des producteurs nationaux qui ont besoin d’être accompagnés et soutenus dans leurs efforts de développement face à un environnement pharmaceutique mondial dont chacun connait la complexité.
Notre association a déjà émis toute une série de propositions et de recommandations en ce sens. Elle est disposée à en débattre avec l’ensemble des parties prenantes incluant non seulement celles qui sont intéressées par le volet strictement sanitaire mais également celles en charge des volets sociaux, économiques ou industriels. Notre conviction est que, dans une économie ouverte aux échanges internationaux comme l’est l’économie algérienne, une concertation de grande qualité est une condition essentielle pour préserver nos parts de marché, pour rentabiliser nos investissements et pour sauvegarder les emplois de nos jeunes universitaires.
Par ailleurs, l’engouement exceptionnel des investisseurs nationaux en direction de la production pharmaceutique nationale ouvre maintenant la voie, non seulement à la satisfaction d’une part de plus en plus importante des besoins de notre marché en médicaments, mais également à des surplus exportables sur les marchés de nos partenaires commerciaux. Les producteurs nationaux auront ainsi besoin à être accompagnés dans la conquête de marchés extérieurs, ce qui représente un troisième défi face auquel, ensemble, nous devrons nous mobiliser à l’avenir.
Le secteur pharmaceutique national dispose des atouts pour constituer un modèle de croissance et de diversification réussies au sein de l’économie algérienne. C’est, en tous cas, l’ambition qui est la nôtre et c’est là tout le sens du travail que nous entendons mener au niveau de l’Union Nationale des Opérateurs de la Pharmacie et de l’orientation que nous comptons imprimer à son programme d’actions au cours des prochaines années.